PubGazetteHaiti202005

Editorial:- La circulaire 114-1 de la BRH concernant le paiement des transferts mise en veilleuse/Cafouillage au sommet de l’Etat

Transfert d'argent


Les violons semblent ne pas s’accorder au plus haut niveau de l'Exécutif en ce qui a trait à la mesure concernant le paiement des transferts internationaux. Alors que le premier ministre a annoncé, mardi, lors d'une conférence de presse que les mesures annoncées par la BRH étaient maintenues, on a assisté à un coup de théâtre en fin d’après midi avec une correspondance du gouverneur de la BRH venant prendre le contre-pied des déclarations de Joseph Jouthe relatives aux maisons de transferts

« Désormais, les maisons de transfert ont l’obligation de payer en gourdes au taux fixé par la BRH et en dollars pour ceux qui ont un compte en banque en dollars. L’argent sera transféré sur son compte », avait confirmé le premier ministre faisant référence à la circulaire 14-1 de la banque centrale.  

A la surprise générale, le gouverneur de la BRH Jean Baden Dubois annonce le retrait de cette mesure:  « La banque de la république d’Haïti (BRH) vous avise, par la présente, que suite à la demande de plusieurs maisons de transfert, l’entrée en vigueur de la circulaire 114-1 portant sur les opérations de transfert sans contrepartie est fixée au trois (3) août 2020 », écrit Jean Baden Dubois aux responsables des banques commerciales et des maisons de transferts. Pourtant, la date d'entrée en vigueur de la mesure était fixée au 25 juin. Ce qui fait un délai d'environ un mois et demi.

Cette situation laisse perplexe pas mal de gens. Allant jusqu'à se demander pourquoi ce retrait soudain de la mesure. En renvoyant jusqu'au 3 août la date de la rentrée en vigueur de la circulaire, certains internautes ont même émis de sérieux doutes quant à la volonté réelle des autorités politiques et monétaires de protéger les droits des bénéficiaires de transferts. A quoi jouent le président de la République et le gouverneur de la BRH qui prétendent mettre de l'ordre dans le mode de paiement des transferts internationaux?

Quelques heures avant la conférence du premier ministre, deux cadres de la BRH, le directeur de communication et l’économiste en chef respectivement Jean Armand Mondélis et Erol Saint Louis sont intervenus dans la presse pour défendre cette même circulaire 114-1 relative au fonctionnement des maisons de transfert. Un véritable cafouillage au plus haut niveau de l’état. 

La semaine dernière, la même chose s’était produite entre la Primature et le Ministère des Affaires Étrangères concernant les dispositions pour le retour des compatriotes haïtiens bloqués à l’étranger. Ces genres de situation sont le témoignage éloquent d’un état disloqué qui n’arrive toujours pas à imprimer sa marque et se hisser à la dimension de sa mission. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. 

Lors de son intervention au Palais national, faut-il le signaler, le président Jovenel Moise n’avait pas l’air trop convaincu de la justesse de cette décision profitant de l’occasion pour tirer à boulets rouges sur « les banques commerciales qui s’adonnent en dehors des normes à la vente de devise ».  Il avait pris l’exemple de la BNC, une banque de l’état qui généralement affiche le taux le plus haut pour la vente de dollars. Le président voulait se poser en défenseur du gros peuple. 

Tout compte fait, malgré les déclarations de bonne volonté des autorités, la situation reste inchangée en ce qui a trait à la question des transferts. Des accrochages entre bénéficiaires et maisons de transfert vont se poursuivre. Les bureaux de transfert continueront aisément de décider de donner de l’argent en gourdes ou en dollars sans crainte d’être poursuivis. Une fois de plus, les plus faibles seront les plus grandes victimes. 

 

 

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