PubGazetteHaiti202005

Pierre Espérance: « nous ne saurons jamais qui a financé l’assassinat de Jovenel Moïse »

Pierre Espérance, directeur exécutif RNDDH

Il est celui qui a suivi de près l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse. 
Intervenant à l'émission Le Rendez-vous avec Volcy Assad le lundi 26 février 2024, le Directeur Exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Pierre Espérance, a indiqué que l'on ne saura jamais qui a financé l’assassinat de Jovenel Moïse. Il déplore le fait que l'enquête judiciaire n'ait pas exploré le volet financier de l'affaire.

Les véritables assassins ou les instigateurs de l’assassinat de Jovenel Moïse seraient toujours en liberté, selon les propos de Pierre Espérance, qui explique « les manœuvres effectuées au plus haut niveau pour dissimuler les transactions bancaires » liées à cet acte criminel.

Selon Pierre Espérance, les enquêteurs de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) étaient déterminés à enquêter sur le volet financier de la question. Bien que des démarches aient été entreprises, lorsqu'ils étaient sur le point d'identifier le mobile du crime et ses instigateurs, ils ont reçu l'ordre d'arrêter, affirme-t-il.

Dans l'enquête menée par le juge Walter Wesser Voltaire, le volet financier n'a pas été traité. L'ordonnance ne mentionne aucun financement lié à l'assassinat, ce qui, selon Espérance, rend impossible, la découverte du mobile et des auteurs intellectuels du crime.

Pour Pierre Espérance, ce n'est pas la faute du juge, car celui-ci avait, dit-il, demandé, à la DCPJ d'enquêter sur le financement à partir d’une commission rogatoire. Cependant, l'Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF) a décidé de ne pas donner suite à cette demande.


Qui pis est, il est désormais presque impossible de creuser le volet financier de l'enquête, car l'ordonnance du juge a déjà été transmise au parquet du tribunal de première instance de Port-au-Prince. Au procès ou au niveau de la cour d’appel, il n’y a aucune chance que ce volet soit évoqué.

Pierre Espérance accuse le Directeur Général de la Police Nationale d'Haïti (PNH) de l'époque, Léon Charles, d'avoir donné l'ordre de ne pas explorer la piste du financement, affirmant que ce dernier aurait manipulé l'enquête de la DCPJ. Selon Pierre Espérance, si on avait creusé le volet financier de l'assassinat, on aurait mis la main sur d'autres inculpés. Le responsable du RNDH croit qu'il est totalement impossible que des Dimitri Hérard, chef du SGPN, Rodolph Jaar soient impliqués dans l'assassinat de Jovenel Moïse sans que l’ex président Martelly ne soit au courant.

« Après l’assassinat de Jovenel Moise, Claude Joseph aurait dû écarter Léon Charles », poursuit  Espérance, estimant par ailleurs que la DCPJ aurait dû auditionner Léon Charles.

Le pasteur Emmanuel Emmanuel Sanon ne pourrait-il pas être considéré comme l'auteur intellectuel et celui qui a financé le crime ? 

A cette question, Pierre Espérance répond catégoriquement non. «  Sanon n'a pas d'argent, il ne saurait financer l'assassinat », déclare-t-il. Il croit dur comme fer que d'autres personnes étaient derrière le pasteur. 

Après avoir été inculpé dans l’assassinat de Jovenel Moïse, Léon Charles, a été contraint de  démissionner de son poste de représentant permanent d’Haïti à l’OEA. Il a promis de tout mettre en œuvre pour laver son nom. 
Invité à l’émission « Le Point » sur Télé Métropole, l’ex directeur s’en est directement pris à Pierre Espérance qu’il accuse d’avoir été de mèche avec le juge qui avait émis le mandat d’arrêt contre Moïse. Ce qu’a rejeté d’un revers de main le défenseur des droits humains lundi à l’émission « Le Rendez-vous avec Volcy » sur Gazette Haïti. 

 

 


Par: Daniel Zéphyr

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